Du hack à l'APT - Partie 1/4
Introduction : les menaces aveugles et massives du passé
Ces menaces ont évoluées et sont devenues plus dangereuses
La cible et les 4 cavaliers de l'AP(T)ocalypse - Partie 2/4
Une cible visée
La stratégie d'attaque: Les 4 cavaliers de l'AP(T)ocalypse
La persistance de l'APT et l'accès aux données - Partie 3/4
Persistance et implantation profonde
Accès au données: espionnage et/ou destruction
Bloquer les APT: mission (im)possible - Partie 4/4
Dans la littérature fantastique le personnage du loup-garou ou du vampire revient souvent. C'est une ennemi très rapide, d'une force herculéenne, très intelligent et qui survit admirablement bien à toutes les tentatives de destruction tout en réussissant à se fondre dans la foule sans se faire reconnaître. Ce qui ressemble finalement à la menace APT. Pour les loups-garous et les vampires, il existe heureusement la fameuse "silver bullet", la balle en argent qui permet de les stopper à coup sûr.
Et contre les APT, qu'avons nous?
1/ A défaut de "silver bullet", une "kill chain"?
Disons le rapidement, il n'existe aujourd'hui pas de "silver bullet" contre les APT, à la manière dont on nous vendait l'antivirus, le firewall ou l'UTM il y a quelques années. Par contre surgit l'idée de Kill Chain, concept tiré d'un document de
Lockheed Martin en 2010. Le principe en est le suivant: puisqu'une intrusion APT est une succession d'évènements, essayons de bloquer l'APT à chacun de ses pas.
Le document présente une méthode en 7 étapes pour l'attaquant, et propose 6 modes de défense pour chacune des étapes, à mettre en grille:
Je propose à mon tour une autre Kill Chain, basée sur les cheminements de l'attaquant étape après étape:
(Edit 16/06/2013 : modification kill chain)
En rouge, les actions de l'attaquant, en bleu le factuel ou la victime, et en vert les défenses possibles. Si une flèche repart du vert, c'est que la défense est contournable. Je n'ai pas voulu faire de la publicité pour un produit ou pour un autre, donc aucune entreprise n'est citée nommément.
Pour les notes:
[1] Le désarmement peut être un changement de format. Toutes les pièces jointes d'email pdf sont imprimées en jpg, puis assemblées en pdf et remis dans le mail initial. Ou il peut s'agir d'un nettoyage, i.e. aucun applet java autorisé dans les pages web et nettoyage au niveau réseau.
[2] Et un exploit kernel veut dire une exploitation mémoire (ou pas), à la manière de l'exploit au dessus.
[3] Des VM à usage unique. La VM est lancée, lit un mail, une PJ ou browse une page web, puis est détruite.
[4] Les IOC de Mandiant par exemple
[5] Les analyses réseaux internes n'existent pas, les analyses réseaux en sortie ne sont que rarement faite.
[6] L'attaquant sait qu'il sera détecté tôt ou tard et ne veut pas que l'on puisse facilement remonter à lui ou connaître ses objectifs.
Ce schéma met en exergue quatres choses. La première, c'est qu'il n'existe pas grand chose côté USB. Pourquoi il n'existe pas encore de vrai firewall pour l'USB? Actuellement, on a du tout ou rien. Ce sont des ports USB bloqués au BIOS, ou un filtrage des VendorId/deviceId uniquement. Contre le BYOD, rien. Un filtrage/conformance des trames USB à la manière des firewalls serait un gros plus. (permettant le DLP, le chiffrement à la volée, la configuration centralisée, etc..) [Voir Note 1]
Le second point concerne la cassure au niveau de l'installation du RAT. Il y a vraiment une bascule à ce niveau là. Une fois installé, on peut le détecter et essayer de faire du damage control, mais c'est trop tard. Il est donc à mon avis essentiel de pouvoir remonter le fil de l'attaque pour les diagnostiquer au plus tôt. Ces deux étapes peuvent même être menées par des équipes différentes: des personnes plantent des RAT, d'autres les exploitent.
Un troisième point concerne l'absence de "Déception" dans les défenses. Dans le monde du réseau, les honeypots ont fourni beaucoup d'information; je n'ai pas connaissance (mais je me trompe peut-être) de systèmes d'honeypot contre les APT. (on peut imaginer des faux 'high profiles' qui seront des cibles d'APT, puis des mails, des machines, des réseaux, des processus, des fichiers, etc..)
Un dernier point concerne l'envoi du contenu à la victime. Depuis 2004 on entend parler peu ou prou des mêmes méthodes: mail, page web et USB. Existe t'il un autre moyen? [Voir Note 2]
Bloquer les APT, mission (im)possible? Mission certainement difficile, mais qui demande de gros moyens, un suivi régulier et une intelligence de corrélation d'évènements, on retrouve là les travers de la fameuse "sécurité est un échec"...
2/ Et demain?
Les APT sont des menaces difficiles à contrer simplement. On peut se concentrer sur les défenses, mais on entend de plus en plus parler de l'option offensive, ou hackback. Les US à ce sujet mettent en place une communication toute entière tournée vers les hackback. Il ne se passe pas une semaine sans qu'on entende parler d'une cible américaine qui vient de se faire piller des informations vitales, que c'est scandaleux, qu'il faut réagir face à ça, qu'il est nécessaire de faire quelque chose. A mettre en relation avec les échos des piratages français qui peinent à émerger sur les sites de news en ligne.
Le hackback est-il la seule suite logique à la cyberdéfense? Je ne sais pas, mais je trouve la situation intéressante. Lorsque les APT étaient connus et réservés aux états et grandes entreprises et tout allait bien. Maintenant que les APT sont connus et disponibles à tout un chacun (disposant de moyens raisonnables), les APT sont le grand méchant loup de la sécurité informatique et les gentils pays touchés par le fléau veulent réagir durement, cf les USA qui veulent que les APT soit considérés comme des actes de guerre, permettant des réponses physiques. [Voir Note 3]
Je disais dans un de mes
anciens post de blog:
-Dans quelle mesure les cyberattaques vont-elles modifier les pouvoirs de la police étatique vis à vis de l'Internet et par là même rogner sur les libertés d'Internet?
-La "police du net" restera t'elle longtemps l'apanage des sociétés privées alors que l'État est de plus en plus impliqué dans la protection de son cyberterritoire et de ses intérêts
-Est-ce la fin d'un Internet anonyme et sans frontières?
je crois que ces questions restent d'actualité
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[Note 1] Je n'étais pas présent au SSTIC 2013, mais il me semble qu'une des conférences a fait mention de filtres USB (?!). Je lirais les actes avec interêt :)
[Note 2] Les confs de sécurité parlent de plus en plus du hack matériel: nos
machines sont-elles piégées dès leur conception? Autre chose?
[Note 3] A l'image de l'arme nucléaire? Ceux qui l'ont l'utilisent pour faire de la dissuasion, mais sont les premiers à interdire sa prolifération..